Non-dualité ou être le Grand Tout

Pour le mental analytique, être tout à la fois soi-même et le Grand-Tout, est parfaitement absurde.

Mais c’est pourtant ce qu’ont affirmé depuis des millénaires, des expérienceurs mystiques de toutes traditions.

Parmi ceux-ci, citons sainte Thérèse d’Avila, qui, bien que membre d’une église dogmatiquement dualiste, exprime des perceptions monistes en écrivant qu’au «septième château de l’âme », elle se perçoit comme « La substance de l’âme… (elle) est Dieu par participation ». (1)

Elle utilise aussi, des images :

« Je dirais que l’union dont il s’agit peut être comparée à celle de deux cierges de cire qui sont si bien unis que leur lumière n’en est plus qu’une ; ou bien à la mèche, à la lumière et à la cire qui ne sont plus qu’un seul cierge. »  (2)

 

Le curé d’Ars, Jean-Marie Vianney, utilise la même image ecclésiastique des cierges :

« La prière n’est autre chose qu’une union avec dieu. Quand on a le cœur pur et uni à Dieu, on sent en soi un baume, une douceur qui enivre, une lumière qui éblouit. Dans cette union intime, Dieu et l’âme sont deux morceaux de cire fondus ensemble : on ne peut plus les séparer. C’est une bien belle chose que cette union de Dieu avec sa petite créature : c’est un bonheur qu’on ne peut comprendre. » (3)

 

Dans la bible, un passage des psaumes l’affirme :

« Je vous le déclare, vous êtes des Dieux » (4) et l’évangile selon saint Jean confirme : « N’est-il pas écrit dans votre loi : J’ai dit vous êtes des Dieux.» (5)

 

Dans l’épître aux corinthiens, saint Paul écrit :

« Celui qui s’approche de Dieu et s’attache à lui devient un même esprit que lui. »  (6)

 

Maitre Eckhart (1260-1328), le grand mystique rhénan écrivait :

« Je…veut dire qu’il n’existe pas de séparation entre Dieu et toutes choses, car Dieu est en toutes choses ; il leur est plus intime qu’elles ne le sont elles-mêmes. »

Et

« Dieu doit absolument devenir moi, et moi absolument devenir Dieu, si totalement un que ce « lui » et que ce « moi » deviennent un « est » et opèrent éternellement une seule œuvre dans l’être-lui. »  (7)

 

La philosophie Grecque était aussi largement moniste. Héraclite d’Ephèse, un philosophe présocratique a écrit :

« Il est sage de convenir, à l’unisson et avec tout, que toutes choses sont un. » (8). De même Pythagore enseignait l’unité de toute chose sous le nom d’Apollon : « a-polloï »  signifiant « pas plusieurs ».

 

De même, dans l’islam, le soufi Bistâmi (800-874) déclarait :

« Je suis celui qui aime et celui que j’aime »  (9) abolissant toute distinction entre créateur ou créature, tandis qu’Ibn Arabi (1165-1240), le grand mystique persan écrivait :
« Celui qui se connaît lui-même ne voit rien d’autre que Dieu, puisque le soi est identique à l’essence divine elle-même. Lorsque ce secret se dévoile à toi, tu sais que tu es toi-même le but de ta quête. Tu vois ses attributs comme tiens et son essence comme ton essence. »  (10)

 

Mansour Al-Hallaj, (857-922), poète et mystique soufi persan :

« Avec l’oeil du coeur, je vis mon Seigneur. / Et Lui dis: qui es Tu?  Il me dit: Toi » (muqatta’a 10)

« Et maintenant je suis Toi-même, / Ton existence c’est la mienne et c’est aussi mon vouloir » (muqatta’a 15)

« Tu demeures dans mon coeur et il contient le mystère de Toi. / Que la demeure se réjouisse et que se réjouisse le voisin! / Il ne contient aucun mystère que je connaisse sauf Toi / Regarde avec Ton oeil: y a-t-il un autre dans la demeure? / Que la nuit de la séparation s’allonge ou s’écourte / L’espoir et le souvenir de Lui me tiennent compagnie. / Ma perte me convient qui Te convient, ô mon Tueur / Et je choisis ce que Tu choisis » (muqatta’a, 23, traduction Sami-Ali).

« J’ai étreint, de tout mon être, tout Ton amour, ô ma Sainteté! / Tu me mets à nu, tant, que je sens que c’est Toi en moi… » (muqatta’a 30)

 

Dans la tradition védique-hindouiste, les principales écoles philosophiques, dont l’Advaïta Védanta, ont en commun « l’advaïta » ce qui signifie littéralement « non deux », le Rig-Véda, affirme : « L’éternel est un, mais il a beaucoup de noms ».

Le Baskala Mantra  Upanishad :

«Je suis le chantre omniface, omniprésent, suprême, veilleur d’hommes.  Je (Indra) suis partout, je suis puissant. Je suis à moi tout seul tout ce qui existe ici bas. » (verset 25)  (11)


Le Katha Upanishad :

« Unique régisseur, âme intérieure à tout être, qui rend multiple sa forme une – les sages qui le reconnaissent sis en eux-mêmes ont le bonheur éternel, non les autres. » (verset 12, section V) (12)

 

Dans la tradition taoïste, le grand sage chinois Tchouang-Tseu écrit :

« Les hommes se fatiguent pour tel ou tel idéal humain. Le saint est ignorant et simple. Il participe à la pureté de l’un, qui contient en potentialité tous les temps et tous les êtres. » (13)

 

Pour les amérindiens d’Amérique du nord, l’unité universelle se nomme Wakan Tanka. Le chaman Tahca Ushte déclare :

« Les dieux sont des entités distinctes, mais tous sont unis en Wakan Tanka…Vous ne pouvez l’expliquer qu’en faisant retour à l’idée des cercles dans les cercles, l’esprit se fractionnant lui-même en pierres, arbres, même en insectes minuscules, qu’il rend tous « Wakan » par sa présence perpétuelle. Et à son tour cette myriade d’éléments constitue l’univers qui remonte à sa source, dans l’union du grand esprit. »  (14)

 

Enfin, les animistes, comme les aborigènes d’Australie, expriment la même conviction, Marlo Morgan, une américaine qui partagea la vie d’une tribu rapporte l’enseignement d’un sage :

« …On a l’impression que les morceaux sont séparés, tout comme les gens paraissent séparés, mais, en réalité, nous sommes un…Etre un ne signifie pas que nous sommes tous les mêmes. Chaque être vivant est unique…  Pour nous, l’un n’a ni taille, ni forme, ni poids, l’un est essence, créativité, pureté, amour, énergie illimitée et sans frein. » (15)


Les expérienceurs de NDE témoignent aussi de leurs perceptions monistes.

Ainsi, le Dr Sam Parnia cite le témoignage d’une femme qui vécut, à l’hôpital, une expérience proche de la mort :

« J’ai traversé un tunnel… tout était d’un doux doré, même moi… J’étais consciente que derrière moi s’étendait l’infini, que tous les gens que j’avais connus, que je connaissais maintenant et même ceux que je connaitrais dans l’avenir se trouvaient là, tous faits de cette « lumière » dorée, tous composés de la même matière et nous ne faisions vraiment qu’un. J’ai vu ce qui ressemblait à un océan doré duquel toutes les personnes s’élevaient, faites de la substance de cet océan… » (16)

 

Des expérienceurs comme la médium Michèle Decker rapportent aussi de telles expériences :

« Comme je replace le petit gland sous son manteau d’automne, une vision m’apparaît. Je vois les minéraux, les végétaux, les animaux et les êtres humains ne former qu’un tout – unité parfaite évoluant dans un dialogue unique.

Mais cette unité brusquement explose, comme une boule de cristal éclaterait en mille morceaux. La vision disparaît, laissant un vide au fond de moi. » (17)

 

Le Dr Michael Newton rapporte un dialogue avec une de ses patientes explorant une de ses existences dans l’au-delà :

« Sujet  : Notre lumière provient de la Source.

Dr N : Lorsque vous dites Source, voulez-vous dire Dieu ?

Sujet : Ce mot a été galvaudé.

Dr N : De quelle façon ?

Sujet : En le personnalisant trop, ce qui ne fait pas honneur à la Source.

Dr N : Qu’y a-t-il de mal à ça ?

Sujet : On prend la liberté de rendre la Source trop…humaine, bien que nous en fassions tous partie, puisque nous sommes tous Un.»(18)

 

Nous terminerons cette série de citations par Marguerite Yourcenar évoquait dans un livre d’entretiens cette « sensation d’être reliée à tout ». Elle déclare aussi à propos des religions «…j’ai senti un beau jour qu’il fallait choisir entre un groupe de dogmes quelconques et tout, j’ai choisi tout. » (19)

La sagesse de ces affirmations peut avoir intellectuellement convaincu mais seule une perception personnelle peut faire decouvrir la realite moniste.

 

(1) Joachim Boufflet,  Encyclopédie des phénomènes extraordinaires dans la vie mystique, Editions F X de Guibert (page15)

(2) Thérèse d’Avila,  Le château de l’âme ou le livre des demeures,  Editions du Seuil (page 237)

(3) Bernard Bro et Michel Carrouges  « Jean-Marie Vianney, curé d’Ars »  Editions du Cerf (page 111)

(4) Psaumes 82.6

(5) Evangile de Saint-Jean 6.34

(6) Epître aux corinthiens 6.17

(7) Maître Eckhart, cité par Alain de Libéra, Maître Eckhart et la mystique rhénane, Editions du cerf, page 241

(8) Héraclite, cité par JP Bernard, Lunivers d’héraclite, Editions Belin (page 275)

(9) Cité par Jean Chevalier, Le soufisme   PUF Que sais-je ?

(­10) Ibn Arabi cité par Brigitte Kashtan, Méditation et psychothérapie,  Réflexions (page 24)

(11) Bâskala mantra upanishad,  traduction de Louis Renou, Librairie d’Amérique et d’orient

(12) Katha upanishad, traduction de Louis Renou, Librairie d’Amérique et d’Orient, page 18

(13) Tchouang-Tseu  « Œuvres complètes »  Editions Gallimard  (page 43)

(14) Tahca Ushte, De mémoire indienne, Editions Terre humaine, page 125

(15) Cité par Marlo Morgan, Message des Hommes Vrais,  Editions J’ai lu (page 163 et 194)

(16) Dr Sam Parnia « Que se passe-t-il lorsque nous mourrons ? »  Editions ADA  (page 90)

(17) Michèle Decker  « La vie de l’autre côté »   Editions j’ai lu  (page 162)

(18) Michael Newton  « Un autre corps pour mon âme »  Editions de l’homme  (page 190)

(19) Marguerite Yourcenar  « Les yeux ouverts » Entretiens avec Matthieu Galey, Editions Centurion (pages 34, 35, 41 et 43)

christian urvoi - Fondateur Ultrahuman

Christian URVOI

Chercheur en parapsychologie scientifique
 » Si le futur n’existe pas, il existe une programmation du futur « 

Livre Blanc - L'univers est programmé